Risques et coûts de l'énergie nucléaire
Les installations nucléaires vétustes tout le long de la Loire (10 réacteurs de plus de 40 ans Dampierre, St-Laurent, Chinon) nous font effectivement courir des risques insensés.
L'Autorité de Sûreté nucléaire, dans son dossier d'instruction pour l'autorisation de la poursuite d'exploitation de ces réacteurs évoque : un risque de rupture brutale de la cuve du réacteur à Saint-Laurent-des-Eaux, des résultats "atypiques" aux contrôles de 2 cuves de Dampierre-en-Burly, or celles-ci ne peuvent être changées et subissent le bombardement neutronique qui les fragilise depuis des décennies.
D'autres risques et coûts exorbitants sont liés à la prolongation des vieux réacteurs...
Le gouvernement n'a pas encore pris de décisions car il attend de voir si l'EPR de Flamanville démarre enfin. Son coût a au minimum triplé, et la mise en service a été repoussée d'au moins 10 ans ! Cela n'a pas empêché EDF, comme la presse l'a révélé, de lancer au Creusot le forgeage des pièces nécessaires à la construction de 6 nouveaux EPR : c'est bien la fuite en avant d'une filière endettée, qui cherche à sauver les meubles en se restructurant (plan Hercule) et qui, comme d'habitude, met les décideurs devant le fait accompli !
Notre région en est même à envisager pour accueillir 2 de ces nouveaux réacteurs à Belleville
(voir https://www.sdn-berry-giennois-puisaye.fr/suivi-belleville-dampierre/projet-epr-belleville/)
Des élus s'y emploient ardemment, comme le journal de Gien et le Berry Républicain l'ont publié à plusieurs reprises depuis décembre dernier.
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Faut-il continuer à prélever des quantités énormes d'eau de Loire pour refroidir ces réacteurs surpuissants ?
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Continuer à produire des déchets nucléaires qui s'entassent et dont on ne sait que faire ?
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Continuer à rejeter des radionucléides dans l'air et dans l'eau (qu'on retrouve même dans l'estuaire, comme vient de le montrer une récente étude du CNRS) ?
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Continuer à grever le budget de l’État (principal actionnaire) par dizaines de milliards alors que l'argent public aurait bien mieux à faire...
Tout ça pour une filière qui se prétend décarbonée, alors que si on intègre toutes ses nuisances :
prospections, extractions de l'uranium et du zirconium pour les assemblages, acheminement par bateaux, transports incessants par camions et trains, processus chimiques nuisibles à tous les étages de la transformation, consommation de millions de mètre-cubes de bétons pour ses grands chantiers, construction de sites d'entreposage et de stockage des déchets de toute sorte... elle n'est pas décarbonée cette énergie !!
Et n'oublions pas le coût des nombreux organismes de gestion du nucléaire qui s'imposent :
CTE* pour les contrôles internationaux sur les matières nucléaires utilisées par les opérateurs civils et CEA* pour les transferts de matières entre civil et Défense, appuyés par l'expertise de l'IRSN - Inspections périodiques CTE* et AIEA* - Contrôles, avis, inspections et décisions de l'ASN* – Consultation du HCTISN*, propositions du MSNR*, financement des CLI*, etc.
Réduisons drastiquement le gaspillage d'énergie, relocalisons nos productions à la mesure de nos besoins réels et non à celle dont nous font rêver les producteurs de gadgets toujours en passe d'être périmés ou jetés... et sortons du nucléaire pour produire juste l'énergie dont nous avons besoin avec les moyens dont nous disposons localement.
De plus, le "tout nucléaire" nous met à la merci des pays fournisseurs de la matière première Uranium : Niger, Australie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Canada, bientôt Groenland.
Où est-elle l'indépendance énergétique de la France ?
Catherine Fumé, administratrice de Sortir du Nucléaire Berry-Giennois-Puisaye
* Abréviations utilisées :
CTE : Comité Technique Euratom qui dépend du Premier ministre, au sein du CEA
CEA : Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (5157 M€) (https://www.cea.fr/Pages/politique-internationale-au-cea/missions-regaliennes.aspx)
IRSN : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (Recherche et expertise)
AIEA ou IAEA : Agence internationale de l'énergie atomique, en anglais International Atomic Energy Agency
ASN : Autorité de sûreté nucléaire (1 697M€) (https://www.asn.fr/L-ASN/Presentation-de-l-ASN/Les-moyens/Les-moyens-financiers)
HCTISN : Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire
MSNR : Mission de la sûreté nucléaire et de la radioprotection, au sein de la Direction générale de la prévention des risques du ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer.
CLI : Commissions locales d'information pour chaque installation nucléaire.La subvention annuelle dédiée aux CLI et à l’ANCCLI, par l’Etat via l’ASN est de 1,25 M €. Les CLI sont financées par l’ASN et les Conseils Départementaux ; elles peuvent percevoir des subsides des collectivités territoriales ou de leurs groupements.(https://www.anccli.org/les-cli-et-lanccli-en-chiffres/)