Risque de perte d'eau sur 29 réacteurs
.L’ASN classe au niveau 2 de l’échelle INES un événement significatif pour la sûreté relatif à un risque de perte de la source froide
pour les réacteurs des centrales nucléaires de Belleville-sur-Loire, Cattenom, Chinon, Cruas, Dampierre-en-Burly, Golfech, Nogent-sur-Seine, Paluel, Saint-Alban et Saint-Laurent-des-Eaux. 29 réacteurs de 900 MWe et de 1 300 MWe sont concernés par cet événement.
La source froide des réacteurs pourrait en effet être perdue du fait de l’indisponibilité des pompes du circuit d’eau brute secourue (SEC[2]) des réacteurs résultant de l’inondation interne due à une rupture, en cas de séisme, de tuyauteries des systèmes d’alimentation en eau du réseau de protection contre l’incendie (circuit JPP) et de filtration d’eau brute (circuit SFI ou CFI).
L’insuffisance de résistance au séisme d’une tuyauterie JPP a été initialement détectée par EDF dans la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire. Des investigations complémentaires demandées par l’ASN et réalisées par EDF début juin 2017 ont mis en évidence, sur plusieurs portions de ces tuyauteries, un état dégradé avec des épaisseurs inférieures à l’épaisseur minimale requise pour assurer leur résistance au séisme. Ces dégradations sont la conséquence de la corrosion qui a pu se développer en l’absence d’une maintenance préventive adaptée. Cet évènement avait été classé provisoirement au niveau 1 de l’échelle INES le 2 août 2017.
EDF a ensuite réalisé des mesures d’épaisseur sur les portions de tuyauterie d’autres circuits (SFI et CFI) situées dans les mêmes locaux que les tuyauteries JPP, de début juillet à fin septembre 2017, pour tous les réacteurs électronucléaires d’EDF potentiellement concernés. À la suite de cette campagne de mesures, puis de l’analyse de résistance au séisme des tuyauteries concernées, EDF a déclaré le 10 octobre 2017 que 20 réacteurs étaient concernés par un risque de perte totale de la source froide (perte des 2 voies[3] du circuit SEC). En conséquence, l’événement est classé au niveau 2 de l’échelle INES.
Neuf autres réacteurs sont quant à eux concernés par un risque de perte partielle de la source froide (perte d’une voie du circuit SEC), situation relevant du niveau 0 de l’échelle INES.
Des réparations des tuyauteries JPP, SFI ou CFI, ont été engagées, ce qui permet de disposer d’une voie SEC sécurisée pour tous les réacteurs concernés. Les réparations afin d’assurer la disponibilité totale du circuit SEC en cas de séisme doivent être engagées au plus tôt pour les réacteurs actuellement en fonctionnement et avant leur redémarrage pour les réacteurs à l’arrêt.
L’ASN contrôle, notamment dans le cadre de ses inspections, que les réparations sont bien réalisées.
[1] Le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Paluel, actuellement à l’arrêt, n’a pas fait à ce jour l’objet d’investigations.[2] Le circuit SEC contribue, à partir de l’eau froide disponible près de l’installation (mer ou cours d’eau), au refroidissement de systèmes de sûreté.
[3] Afin de réduire le risque d’une perte totale de source froide, le circuit SEC dispose de deux voies totalement indépendantes ayant la capacité d’assurer chacune ses fonctions.