Rejets des centrales nucléaires dans le fleuve de la vallée de la Loire
Nous nous intéressons de près, depuis 1 an, aux rejets des CNPE de la vallée de la Loire, rejets en fonctionnement normal, autorisés et déclarés par EDF.
Nous avons d'abord collecté tous les chiffres des rejets effectués par Belleville et Dampierre.
Ceux-ci nous ont interrogé sur l'énorme quantité (en tonnes) de divers produits chimiques et métaux lourds1, rejetés directement dans la Loire.
Pour Belleville et Dampierre, ce sont près de 400 tonnes qui ont été rejetées dans l'eau du fleuve sur l'année 2020.
C'est pourquoi nous avons poursuivi nos investigations sur les centrales de Saint Laurent-des-Eaux, Chinon, et Civaux (sur la Vienne qui se jette en Loire) :
Des rejets colossaux des 5 centrales : près de 6000 tonnes de diverses substances ont été rejetées dans la Vienne et la Loire en 2020 !!
Nous ne sommes pas convaincus que les différentes collectivités et administrations qui gèrent l'eau ou travaillent autour de l'eau, soient bien informées de tous ces rejets effectués dans la Loire.
C'est pourquoi, il nous semble très important d'alerter sur ce problème des rejets des centrales, certes autorisés, mais dont le total annuel paraît occulté, que ce soit par EDF, l'ASN, l'IRSN, les préfectures, les DREAL, les Établissement publics de l'eau, etc.
En effet, EDF démontre toujours, que par la dilution dans l'eau de Loire, les rejets sont toujours respectueux des normes ou limites imposées. Pourtant, ces rejets considérables d'effluents sont bien réels, se cumulant année après année, et ce depuis 50 ans.
À ces rejets chimiques, il faut ajouter
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les rejets radioactifs2 libérés dans l'eau (213 TBq en 2020) certes autorisés aussi, mais conséquents,
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les rejetsradioactifs2 dans l'atmosphère (10 Tbq en 2020),
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les rejets chimiques dans l'atmosphère ( 1300 kg en 2020, qui ne sont pas sujets à des limites),
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et les émissions de fluides frigorigènes, gaz à effet de serre très puissants, du double de la tolérance (100kg par centrale) en 2020 : 1020 kg pour les 5 centrales.
Sans oublier les besoins en eau de 716 millions de m3 (soit l’équivalent de la consommation annuelle d’eau potable de 3 250 000 habitant) :
625 millions de m3 prélevés dans la Loire et 91 millions de m3 dans la Vienne, dont près de la moité est évaporée dans l'atmosphère (par les cheminées aéroréfrigérantes)
Comment ne pas imaginer un effet cocktail de tous ces polluants et un impact sur les biotopes ligériens par ces rejets cumulés, année après année depuis 50 ans, des cinq centrales nucléaires et ce, jusqu’à l’estuaire3 ?
1 - Acide borique, Ammonium, Nitrates, Nitrites, Phosphates, Chlorures, Sodium, Sulfates, Cuivre, Zinc, Polyacrylates, Lithine, Azote total, Morpholine ou Ethanolamine (et ses produits de dégradation : nitrosomorpholine,diéthanolamine, méthylamine, pyrrolidine, diéthylamine, éthylamine, acétates, formiates, glycolates, oxalates), Hydrazine, Détergents, Organo-halogénés, Trihalométhanes, Chlore Résiduel Total, divers métaux, Monochloramine (et ses produits de dégradation : acide monochloroacétique, acide dichloroacétique, acide trichloroacétique, acide bromochloroacétique, 1,1-dichloropropanone), chloroforme...
2 - Tritium, carbone 14, iodes et autres produits de fission et d’activation
3 - Une récente étude «Pollusols» confirme que l’on retrouve dans les sédiments de l'estuaire, l’uranium et le tritium, produits du nucléaire... et nous interroge sur le taux de cuivre qui a doublé depuis 30 ans...
« Même si elles sont peu élevées, ces concentrations peuvent être problématiques pour l’environnement comme pour la santé humaine. On est sur de la toxicité chronique, avec un effet cumulatif dans le temps et une possible combinaison de polluants », explique le CNRS.
« Quant au tritium, l’isotope radioactif de l’hydrogène rejeté en toute légalité dans les eaux de la Loire par les cinq centrales nucléaires qui la bordent ou bordent ses affluents, il se retrouve jusque dans les sédiments de l’estuaire qui enregistrent fidèlement tous les largages des centrales. Les chercheurs pointent également une accumulation de ce radioélément toxique dans les végétaux, du fait de la facilité avec laquelle il se lie à la matière organique, qu’elle soit morte (comme l’humus) ou vivante. »
https://lejournal.cnrs.fr/articles/a-nantes-une-etude-inedite-sur-la-pollution-des-sols