Quand les garnitures d'une pompe du circuit d'injection de sécurité (RIS)* sont défaillantes... EDF n'en fait qu'à sa tête !

23/04/2021 23:49

Sortir du Nucléaire Berry-Giennois-Puisaye - Communiqué de presse du 23 04 2021.

Beaucoup de désinvolture de la part d'EDF Belleville, car, il aura fallu 16 mois à EDF pour résoudre cette « anomalie » dans le système de refroidissement du réacteur, indispensable en cas - pour le dire simplement - de gros gros pépin !

Début de l'histoire : après 7 mois d'arrêt du réacteur 2 pour une série de contrôles et de mises à niveau, menées dans le cadre de sa visite décennale (examen complet et en profondeur des installations),

  • Le 3 novembre 2019 : « une des quatre pompes du circuit d’injection de sécurité a fait l’objet d’une visite complète de sa partie hydraulique, et notamment des joints de l’axe de rotation (appelés « garnitures mécaniques ») (source EDF).

  • Le 23 décembre 2019, le réacteur 2 a été reconnecté au réseau : « Après le redémarrage du réacteur, les essais réalisés ont montré une température inhabituelle au niveau d’une des garnitures mécaniques » (source EDF).

L'ASN écrit et rappelle : « Les spécifications techniques d’exploitation requièrent la disponibilité complète du circuit RIS dès le redémarrage du réacteur, soit à partir de novembre 2019. Elles imposent également le repli* du réacteur dans un état plus sûr sous 3 jours lorsqu’une pompe est indisponible. »

Or, EDF n'a pas, pour autant, mis en repli le réacteur 2.

  • Le 20 juillet 2020, lors d'un essai périodique, EDF constate encore une élévation de température inhabituelle de cette même pompe et décide enfin de se pencher sur le problème

  • Le 2 avril 2021, neuf mois (de gestation?) plus tard, EDF identifie, en définitive, un défaut de montage de cette même pompe ! Elle est vite rendue disponible ce 4 avril 2021.

On peut donc remarquer qu'EDF ne respecte pas les règles de sûreté : le réacteur n'a pas été mis en repli et le problème n'a pas été résolu immédiatement comme il l'aurait fallu, le 23 décembre 2019.

Que se serait-il passé s'il y avait eu un pépin ? Qui serait responsable ? La malchance ? EDF qui laisse pourrir des situations qui peuvent s'avérer dangereuses voir criminelles ? Avec la complicité de l'ASN ?

Le gendarme du nucléaire pourra-t-il, enfin, sanctionner réellement de telles négligences de sûreté ?

Car l'ASN a simplement écrit cette toute petite phrase à ce sujet : « L’ASN sera attentive aux actions correctives prises par l’exploitant pour détecter plus rapidement ce type d’indisponibilité. »

À SDNBGP, nous souhaitons que cet événement qui a duré plus d'1 an soit sanctionné par son reclassement en niveau 2 de l'échelle INES, et non pas 1 !


 

*Mais qu'est ce donc ce RIS ? Le circuit d’injection de sécurité (RIS) permet, en cas d'accident causant une brèche importante au niveau du circuit primaire du réacteur, d'introduire de l'eau borée sous pression dans celui-ci. Le but de cette manœuvre est d'étouffer la réaction nucléaire et d'assurer le refroidissement du cœur)

Mais qu'est ce donc un REPLI ? Le repli d'un réacteur consiste à abaisser la pression et la température de son circuit primaire en application de ses règles générales d’exploitation