Chronique : "Nucléaire, le dogme"

13/02/2019 13:32

13 février 2019

Énergie nucléaire, énergie décarbonée donc propre ?

C’est ainsi que le lobby nucléaire fait sa publicité dans les médias. C’est un dogme au même titre que la virginité de Marie qui pose question. La faible émission de CO2 en production pure ne doit pas cacher la totalité des saloperies que relargue l’industrie nucléaire. Contentons-nous d’analyser le strict domaine du nucléaire civil.

De l’extraction du minerai uranifère jusqu’à la production d’électricité et la gestion des déchets, ce sont des quantités vertigineuses de dioxyde de carbone qui sont passées sous silence : engins d’extraction gigantesques fonctionnant au fuel, transformation et transports tous azimuts des matériaux nucléaires avant, pendant et après la production. Des milliards de tonnes de béton et d’acier destinés à la construction des centrales sont oubliés dans le décompte. Les milliers de mètres cube de vapeur d’eau dispersés dans l’atmosphère participent également au réchauffement climatique au même titre que le CO2.

La faible émission de CO2 déclarée de l’énergie nucléaire est l’arbre qui cache la forêt éternelle des déchets de cette industrie.

Des déchets promis à la transmutation depuis plus de cinquante ans attendent le magicien et sa baguette magique. Le recyclage du combustible usé ne concerne qu’à peine 2 % de la masse des déchets, le reste s’accumule ici ou là sans solution pérenne.

Les piscines d’entreposage débordent, les bouilleurs de la Hague destinés au traitement des assemblages de combustibles fuient de partout. On met sous un couvercle les réacteurs éventrés des deux dernières catastrophes pour une durée indéterminée. On tarde à démanteler les installations périmées parce qu’on ne sait pas faire. On investit des sommes extravagantes dans un sarcophage dont on n’est pas sûr qu’il tiendra un siècle. On n’a pas encore imaginé comment démanteler le réacteur explosé de Tchernobyl. On ne sait pas avec précision l’état du corium à Fukushima.

Pendant tout ce temps on poursuit la course en avant, en espérant un miracle.

En réalité tous ces ingénieurs ont construit des machines infernales capables du pire sans les procédures, les outils utiles à maîtriser une excursion de criticité (euphémisme pour désigner une catastrophe majeure).

Cette industrie d’une pureté virginale aux yeux des adeptes crache de bout en bout des saloperies radiotoxiques, c’est à dire toxiques chimiquement et radioactives physiquement pour des siècles et des siècles. Amen !

La messe est dite. Vous appelez ça une industrie propre ? Heureusement qu’il y a le CO2 comme le dogme de la Vierge pour la foi des fidèles.

 

Daniel Déprez le 11 février 2019

Texte libre de droits