Belleville n°1 - Non conformité aux séismes des groupes électrogènes de secours à moteur Diesel
Extraits de la note d'information de l'IRSN du 7 février 2020.
"Les réacteurs du parc nucléaire sont tous équipés de deux groupes électrogènes de secours à moteur Diesel.
En cas de perte des alimentations externes, notamment lors d’un séisme, chacun d’entre eux dessert une des deux voies d’alimentation électrique redondantes des systèmes de sauvegarde de l’installation. A cet égard, à la suite de l’accident de Fukushima, l’ASN a demandé à EDF d’installer sur chaque réacteur un diesel supplémentaire, dit d’ultime secours (DUS), résistant à des niveaux d’agression extrêmes. (1)
Description de l’événement significatif déclaré par EDF
A la suite du report de l’échéance de mise en exploitation des diesels d’ultime secours (DUS), résultant de difficultés industrielles rencontrées par EDF, l’ASN a demandé à EDFde contrôler in situ la conformité des sources électriques des centrales nucléaires.
Lors de ces contrôles, des défauts de montage de raccords de tuyauteries, constitués par des manchons compensateurs en élastomère, la présence de corrosion sur certaines portions de tuyauteries du circuit de refroidissement du moteur Diesel ou de leurs supports et des défauts d’embrochage de cosse dans les armoires électriques nécessaires au fonctionnement des groupes électrogènes ont été identifiés sur les réacteurs de 900MWe (objet d’une précédente déclaration d’ESS de niveau 1) et sur les réacteurs de 1300MWe et 1450MWe(objet de l’actuelle déclaration d’ESS de niveau 2). Ces constats conduisent à mettre en cause la disponibilité de ces matériels en cas de séisme.
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Ainsi, une situation de séisme de niveau SMS (voire SMHV) (2) affectant les réacteurs concernés et engendrant potentiellement une perte des alimentations électriques externes pourrait conduire à terme à une fusion du cœur provoquée par l’impossibilité d’alimenter en électricité les dispositifs prévus pour refroidir le cœur, ainsi qu’à une perte de refroidissement de la piscine d’entreposage du combustible usé. Lorsque les deux groupes électrogènes d’un réacteur sont concernés par un écart de conformité, EDF a, dans sa déclaration d’événement du 31 janvier 2020, classé l’événement au niveau 2 de l’échelle INES, dans la mesure où le maintien du réacteur en état sûr ne peut pas être démontré en cas de séisme.
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Cela concerne huit réacteurs de 1300 MWe (réacteurs n°1 et n°2 de la centrale nucléaire de Flamanville, réacteurs n°1, n° 3 et n° 4 de la centrale nucléaire de Paluel, réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Penly, réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Belleville et réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Nogent sur Seine).
Par ailleurs, dans cette même déclaration, EDF recense huit autres réacteurs affectés par ces écarts de conformité, mais uniquement sur un seul groupe électrogène, qui font l’objet d’un ESS de niveau 1(réacteur n°1de la centrale nucléaire de Penly, réacteurs n°1 et n° 3 de la centrale nucléaire de Cattenom, réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Paluel, réacteur n° 2 de la centrale nucléaire de Saint-Alban, réacteur n° 2 de la centrale nucléaire de Belleville, réacteur n° 2de la centrale nucléaire de Chooz Bet réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Civaux).
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Plus globalement,de manière récurrente ces dernières années, des écarts concernant les groupes électrogènes de secours ont été détectés. L’IRSN a formulé dans ce cadre des recommandations visant à les résorber rapidement. A cet égard, l’IRSN insiste sur l’importance pour la sûreté des contrôles définis dans les programmes de maintenance préventive, qui doivent permettre de détecter ce type d’écart. En effet, des événements significatifs relatifs à des défauts d’application de ces programmes de maintenance sont régulièrement déclarés par EDF. Comme l’IRSN l’a souligné à de nombreuses reprises dans ses avis, EDF doit appliquer avec rigueur ces programmes et s’assurer de leur complétude."
(1) À la suite de l’accident de Fukushima, l’ASN a prescrit, pour l’ensemble des réacteurs du parcen exploitation, la mise en place d’un noyau dur de dispositions matérielles et organisationnelles robustes, dont font partie les DUS (un groupe électrogène supplémentaire par réacteur, " Diesel d'Ultime Secours"), visant, pour les situations extrêmes étudiées dans le cadre des évaluations complémentaires de sûreté (cumul de la perte totale de la source froide et de la perte totale des sources électriques externes et internes, dû à une agression ou à un cumul d’agressions), à :
a) prévenir un accident avec fusion du combustible ou en limiter la progression;
b) limiter les rejets radioactifs massifs;
c) permettre à l’exploitant d’assurer les missions qui lui incombent dans la gestion d’une crise.
(2) Le séisme maximal historiquement vraisemblable (SMHV) correspond au séisme le plus pénalisant susceptible de se produire sur une durée d’environ 1000 ans, évalué sur la base des séismes historiquement connus. Le séisme majoré de sécurité (SMS) est défini en ajoutant conventionnellement 0,5 à la magnitude du SMHV ; Il est retenu pour le dimensionnement aux séismes des installations nucléaires.