Achats de terres par EDF-SA sur Belleville: que savons-nous?

30/04/2019 13:15

EDF cherche à acheter (ou échanger) des terres agricoles

autour de l'ensemble de ses sites nucléaires.

C'est le cas, notamment, à de Belleville-sur-Loire

 

Que savons-nous de la démarche ?

C'est par bribes successives qu'elle a été rendue publique, mais pas par les intéressés.

EDF a passé une convention avec la SAFER* Centre.Val-de-Loire.

Cette dernière a réalisé une carte de l'ensemble des parcelles (140 ha) qui pourraient être acquises par EDF puis elle a écrit aux propriétaires, en octobre dernier afin de leur proposer achat ou échange de terrains. Ce courrier était accompagné d'un questionnaire et d'une proposition de rendez-vous en mairie.

Nous savons d'ores et déjà que la commune de Sury-près-Léré a accepté, en son conseil municipal du 26/10 /2018, d'échanger des parcelles communales.

 

Pourquoi cet appétit de terres ?

Interrogé à ce sujet, le délégué régional d'EDF a répondu par écrit le 15 mars 2019 en ces termes:

« EDF souhaite compléter sa réserve foncière afin d'anticiper la réalisation éventuelle de nouveaux projets sur ses sites de production et, ainsi, se donner les moyens de pérenniser l'implantation locale du Groupe EDF »

Rien de précis, on peut aisément le constater. A partir du parcellaire de la Safer transmis par les medias, nous avons pu réaliser cette carte précise (en jaune, les parcelles en zone Natura 2000, en rose, celles que la mairie de Sury-près-Léré a d'ores et déjà accepté d'échange

Quels projets justifieraient ces achats ?

En cette année 2019, la Programmation Pluri-annuelle de l'Energie (PPE) va être entérinnée et des décisions vont être prises suite au débat public sur le Plan National de Gestion des Matières et Déchets Radioactifs qui se termine en septembre.

Il en émerge de 4 types :

- poursuivre la filière nucléaire, notamment par la prologation de service de vieux réacteurs atteignant ou dépassant 40 ans... le démantèlement de 14 d'entre eux pourrait progressivement démarrer majoritairement après 2035.

Ce ne sera pas le cas pour Belleville, qui n'a que 30 ans (même si on peut le déplorer, étant donnés les défauts de l'enceinte de confinement de B1, ses défauts génériques la plaçant en tête des sites français et la mise en surveillance renforce de l'ensemble du site pour maintenance déplorable!)

L'argument du besoin de terres pour abriter le démantèlement ne tient donc pas ici (d'autant plus que le site, prévu au départ pour 4 réacteurs et non 2, offre déjà des surfaces disponibles).

- le développement du « nouveau nucléaire », c'est à dire la construction de nouveaux réacteurs EPR (dont les protoptypes accumulent surcoûts exhorbitants, retards de chantier, défauts cumulés...) ou bien de SMR (« Small Modular Reactors) dont les prototypes n'existent pas encore...

- la construction d'une immense piscine de stokage centralisée de matières hautement radioactives. Elle accueillerait, pour au moins 100 ans (délai nécessaire au refroidissement suffisant pour les entreposer ensuite ailleurs), 10 000 tonnes de métaux lourds, très toxiques, venant de la Franc entière par trains ou camions

- l'installation d'unités de production d'énergie renouvelable, notamment photovoltaïque.

 

Quel devenir pour ces terres agricoles ?

- que ces terres accueillent un ou 2 EPR ou « SMR » comme l'appelle de ses vœux le maire de Sury... ou bien la piscine centralisée, ces terres ne verront jamais de « retour à l'herbe », elles sont perdues à jamais pour l'agriculture.

* d'une part, elles seront artificialisées (bétonnées) donc indisponibles alors que toutes les terres sont nécessaires

. pour faire face au défi planétaire de l'alimentation future de la population mondiale

. pour éviter les problèmes liés au ruisselement des eaux et aux inondations (rappelons que l'intégralité de ces terres sont en zone inondables !)

. pour concourir à la préservation de la biodiversité ( 39 ha de ces terres sont en zone« natura 2000 » qui ont vocation à préserver la biodiversité et certaines espères végétales et animales)

* d'autre part, elles seront gravement polluées pour des centaines, voire milliers ou millions d'années par les radio-nucléides produits sur les sites

 

- S'il s'agit de production d'énergie renouvelable, il est tout à fait hors de propos que des terres agricoles soient ainsi détournées de leur fonction première. Il y a suffisamment de hangars, toits d'usines et de bâtiments publics ou industriels, de parkings etc. déjà bétonnés qui peuvent accueillir des panneaux solaires sans que la production agricole en fasse les frais.

 

Que faire ?

Refuser de vendre ou d'échanger tant qu'EDF n'a pas présenté un projet en bonne et dûe forme entraînant une étude d'impact et une enquête d'utilité publique... même si EDF fait miroiter des prix d'achat dépassant largement le cours en vigueur, ce qui entraînerait un déséquilibre du marché et l'accès au foncier encore plus inaccessible pour les agriculteurs de notre région !