6 questions posées au directeur du CNPE de Belleville sur Loire

30/03/2019 21:13

Suite à la non-déclaration de l'arrêt automatique pour cause inconnue du réacteur 2, du 16 au 23 mars

à Monsieur le Directeur du Centre Nucléaire de Production d’Électricité de BELLEVILLE-SUR-LOIRE.

 

Monsieur le Directeur,
Je souhaiterais que vous apportiez des réponses aux six points si dessous pour informer objectivement les membres de la CLI et les adhérents de l’association ‘’Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye’’ que je représente.
1°) Quel est l’état d’avancement du parc des Diesel d’Ultime Secours ?
2°) Etat et situation du réacteur 2 et rejets de vapeur
3°) Situation du réacteur 1
4°) Fuite de tritium dans le réseau d’eau pluviale.
5°) Traitement des eaux radioactives.
6°) Emprise foncière d’EDF à Belleville et environs.

 

1°) Diesels d’ultime secours

Cette brève du Berry républicain datée du 25 janvier 2018 annonçait la mise en service des Diesel d’Ultime Secours pour la fin de l’été 2018.
Le 13 mars dernier, le CNPE de Saint Laurent des Eaux mettait en service ses Diesels d’ultime secours.
N’entendant plus parler de ce dispositif de sécurité à Belleville-sur-Loire, nous voudrions savoir où en est le projet.

  • Si retard il y a, quelles en sont les causes ? S’agit-il d’une absence de démonstration de ‘’résistance au séisme’’ des ancrages dans le génie civil des DUS (événement classé 2 par l’ASN sur l’échelle Ines ?

2°) Etat et situation du réacteur 2 et ses rejets de vapeur

Le CNPE a annoncé le 16 mars un arrêt fortuit du réacteur 2 pour un problème sur le groupe turbo-alternateur. L’info nous a été relayée par la CLI de Belleville. RTE et EDF nous annoncent un arrêt jusqu’au 20 mars avec un nouveau report au 23.
Cet arrêt inopiné a été marqué par des relâchements de vapeur semblant venir du bâtiment réacteur et ayant inquiété des riverains qui m’ont fait parvenir la photo suivante.

  • Quel incident sur le turbo-alternateur a provoqué l’arrêt du réacteur ?
  • Comment l’équipe technique a-t-elle remédié à la défaillance ?
  • Ces rejets de vapeur sont-ils la conséquence de cet arrêt inopiné ?
  • Par quel parcours la vapeur se trouve-t-elle à l’extérieur ?
  • Pouvez-vous en garantir l’absence de radionucléides et notamment le tritium ?
  • Quel est le niveau d’activité du tritium en Bq/l ?

3°) Situation du réacteur 1

Il s’est trouvé qu’à la même période le réacteur 1 s’est trouvé lui aussi à l’arrêt.
Que pouvez-vous nous dire de cet arrêt de production ?

4°) Fuite de tritium dans le réseau d’eau pluviale

L’inspection ASN n° INSSN-OLS-2019-0749 du 12 février 2019 fait état d’un marquage tritium dans un collecteur SEO.
Le 25 janvier il est détecté une activité tritium de 19 Bq/L supérieure à votre seuil de décision soit 8 Bq/L.
Le 30 janvier : 1700 Bq/L . Le 2 février : 2300 Bq/L
Je laisse le soin à l’ASN de vous rappeler vos obligations en termes de déclaration pour m’intéresser aux chiffres. Ceux-ci montrent l’importance des rejets de ce radionucléide émetteur bêta de demi-vie 12,3 ans, pour lequel on ne cesse de dire que les études sont insuffisantes au regard de sa dangerosité : Livre blanc sur le tritium de 2010 avec le rapport RIFE 11 (Radioactivity In Food and the Environment) des agences environnementales et sanitaires britanniques ; le Rapport britannique AGIR de l’Health Protection Agency de novembre 2007, qui prend position pour une réévaluation du facteur de pondération du tritium dans le calcul des doses efficaces ; Le tritium : un risque sanitaire sous-estimé, étude de l’ACRO (Acronique n° 85 de juin 2009). Ces études montrent que l’impact de l’hydrogène radioactif 3H sous sa forme OBT incorporé dans les molécules organiques et retenu avec une période biologique de 40 jours n’est pas négligeable. Le tritium suit le cycle métabolique de la molécule marquée, ou en cas de dégradation, de la fraction qui le renferme. La période effective est alors différente de 10 jours. Dans le cas de la thymidine (La thymidine est l'une des briques des acides nucléiques) par exemple, elle est de 190 jours.

Ce radionucléide étant rejeté en permanence par l’activité nucléaire représente un risque important pour la santé, même si l’OMS fixe une valeur limite de 10 000 Bq/L de tritium dans l’eau de boisson sachant que cette institution depuis la charte du 28 mai 1959 est sous la tutelle d’AREVA devenue ORANO perdant ainsi sa crédibilité.
Un document de l’ARS (ci-dessous) souligne la nécessité de mesurer l’activité radiologique de l’eau brute souterraine au-dessus d’1 Bq/L.
 

Un fort dégagement de tritium relevé au début de cette année pose question, sachant que le tritium dilué dans l’eau aboutit inexorablement dans les nappes phréatiques.

Mes questions sont donc les suivantes,

  • alors que les études diverses recommandent une bonne maîtrise de captation de l’hydrogène 3H, comment se fait-il qu’une telle quantité de tritium ait pu échapper à votre vigilance ?
  • Pourquoi le dispositif supposé retenir ce radionucléide n’a-t-il pas fonctionné ?
  • Par quel(s) moyen(s), autre que la dilution, pouvez-vous limiter la diffusion d’hydrogène radioactif ?

5°) Traitement des eaux radioactives

  • Lors de l’ouverture de la cuve réacteur pour travaux en arrêt de tranche, que devient l’eau du circuit primaire ? Où est-elle rejetée ? Où est-elle stockée ?
  • Comment faites-vous pour la nettoyer des radionucléides qu’elle contient ? Où vont ensuite ces radionucléides ?
  • Par extension, pourquoi à Fukushima garde-t-on les eaux radioactives dans d’immenses réservoirs, laissant supposer l’impossibilité d’épurer une eau radioactive ?

6°) Emprise foncière d’EDF à Belleville et environs

A l’origine la centrale de Belleville devait accueillir 4 réacteurs de 1300 Mwe. Deux ont été construits.

  • Quelle était l’emprise foncière dédiée à la construction de ces quatre réacteurs ?
  • En réalité quelle superficie occupe réellement les deux réacteurs en activité ?
  • Par déduction, quelle est l’emprise disponible du fait de l’abandon de deux réacteurs ?
  • En dehors de la centrale strictu sensu site de Belleville, EDF dispose-t-il d’autres terrains à proximité et pour quelle destination ?
  • Et question récurrente, dans quel but EDF souhaite-t-il accroître son emprise foncière malgré ce surcroît de superficie ?

 

N’ayant d’autre but que l’intérêt commun de la transparence mise régulièrement en avant et le souci d’éviter tout accident grave pouvant impacter lourdement nos territoires et chacun d’entre nous.

Je vous remercie par avance des réponses que vous apporterez à l’ensemble des membres de la CLI en me permettant de faire connaître vos réponses dans un climat de confiance.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur mes respectueuses salutations au nom de l’Association SDN-BGP.

 

Daniel DEPREZ
Copies à MM. HOULE (ASN)
BAGOT (CLI) pour mise à l’ordre du jour de la prochaine réunion de CLI
et large diffusion publique.